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dimanche 25 avril 2010

Escapade

C'était la troisième fois que je posais les yeux sur ce tableau. Non, vraiment, il ne me plaisait toujours pas. Pourtant, chaque fois que je passais dans le hall de l'hôtel où nous séjournions, je ne pouvais m'empêcher de tourner la tête vers lui.

Ma première réaction avait été vive. J'avais détourné le regard en me demandant qui pouvait bien avoir décidé d'accrocher une telle représentation au beau milieu d'un mur. De dégoût, je n'avais presque pas profité de mon repas ce soir-là.

Le lendemain matin, nous sortions en ville et, encore, la peinture a happé mon attention. Ce corps d'homme pourrissant, gisant sur une berge, dévoré par des oiseaux et laissé au soleil... un haut-le-cœur m'envahit, et je dus résister pour conserver le peu que j'avais avalé.
Vraiment, quelle idée d'accrocher une toile si dérangeante dans l'entrée d'un hôtel...

Le réceptionniste dut remarquer ma gêne. Le jour suivant, il me demanda, alors que ma compagne réglait les derniers détails de la croisière que nous étions sur le point d'entreprendre, ce que je voyais peint au mur. Je lui décrivis la scène, frissonnant à l'idée que le cadavre portait des habits semblables aux miens. Il sembla peiné et pris quelques notes dans un carnet, avant de s'excuser et de nous souhaiter une bonne journée.


Il fallut un mois pour retrouver le corps en putréfaction de l'homme sur la berge.

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