Les nouvelles
Les contes
Les poèmes
Les miscellanées

mardi 8 juin 2010

L'embouteillage

L'autoroute était bloquée depuis près de trois heures. Gregory entrouvrit la fenêtre et éjecta d'un geste vif le mégot de sa cigarette sur la chaussée. Une demi-heure plus tôt, les secours étaient passés, se frayant à grand peine un passages sur la bande d'arrêt d'urgence. Les voitures étaient complètement immobilisées et certains conducteurs, excédés, commençaient à sortir de leur véhicule pour se dégourdir les jambes. A la radio, aucun flash d'information n'expliquait la raison de ce ralentissement malvenu. "... Nous déconseillons donc à tous les automobilistes d'emprunter cette autoroute en direction du sud. Un embouteillage de plusieurs kilomètres est à prévoir entre..." Il éteignit la radio. A ce train-là, il ne serait pas rentré avant la nuit.

Déployant son siège, il tenta de profiter de ce malencontreux contre-temps pour se reposer un peu. Il mit l'autoradio en marche, éjecta le CD d'apprentissage de l'italien qu'il avait acheté la veille et plongea la main dans la boîte à gants. Il en sorti une pochette sombre d'où il tira l'album Use your illusion I des Guns qu'il lança directement. Avec un tel fond sonore, il pourrait rapidement faire abstraction de ce capharnaüm qui l'entourait et fermer les yeux. Avant de s'étendre, il parcourut du regard la foule de voitures qui s'agglutinait dans son champ de vision. Une jeune fille à la pudeur timide avait décidé de profiter de l'occasion pour prendre quelques couleurs en bronzant sur le capot de sa voiture, un jeune couple discutait avec fougue du meilleur chemin à emprunter une fois sortis de cet embouteillage, dans une grosse familiale, trois générations de touristes semblaient décider de la meilleure façon de ne pas gâcher ce début de vacances pour les enfants, un homme d'affaire à la carrure peu athlétique et l'air patibulaire avait sorti son ordinateur portable et, tout en pianotant en hâte, s'égosillait au téléphone pour ne pas perdre de temps dans ses affaires, plus loin, deux personnes âgées étaient sorties de leur habitacle pour prendre l'air... et il sombra dans un sommeil paisible, bercé par la voix d'Axl Rose.

Gregory fut tiré de ses rêveries par le beuglement cacophonique des sirènes de police qui fusaient de l'autre côté de l'autoroute. Il bailla et se frotta énergiquement le visage, embroussaillant ses sourcils. Tirant une nouvelle cigarette de sa poche, il jeta un coup d'œil à sa montre. Deux heures avaient passé, et toujours aucun changement à l'horizon. Le passage des forces de police avait provoqué un regain de mécontentement parmi les prisonniers et les coups de klaxons fusaient de façon presque discontinue. Il soupira, conscient que pour le moment, il n'y avait aucun moyen de désamorcer la situation.

3 commentaires:

  1. Aaaaahhh!!! Mais comment fait-il pour rester si calme, si absent tout en étant au cœur de la scène ? Ce n'est pas possible que tu laisses ton lectorat dans une telle frustration. Faut une suite !!!

    PS: génial la Jf à la pudeur timide !

    RépondreSupprimer
  2. La suite est en cours... et elle est pleine de rebondissements assez... inattendus !

    RépondreSupprimer
  3. Ah!! quelle bonne nouvelle !!!

    RépondreSupprimer