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dimanche 16 mai 2010

Décrépitude 3 : Enseignement

Ce soir, je sens la brise monter du lac, elle ramène encore ces relents putrides de corps en décomposition et d’algues pourries. Ils vont revenir. Je ne suis plus en sécurité dans ma cachette. Je pensais qu'ils ne se hasarderaient jamais dans la maison, je voyais mon ancienne chambre comme un sanctuaire protégé des allées et venues de ces créatures immondes. Voilà mon erreur. Rien de sacré n'ornait les murs, aucun sortilège ni magie n'avait été utilisé pour en défendre l'accès, la porte n'était même pas fermée à clef.

Les paroles que je susurre de façon quasi discontinue me rassurent. Je laisse mon esprit vagabonder au dehors de cette anfractuosité irréelle dans laquelle je me terre, il reprend les chemins que j’empruntais habituellement. Seules les couleurs se sont petit à petit effacées, et tout cet univers qui m’était familier quoiqu’hostile hante à présent mes souvenirs à travers un calque plus effrayant encore. Je ressens les murs sous mes mains, j’entends crisser le plancher, je traverse les pièces qui mènent à la bibliothèque et je finis toujours par grimper à l’échelle pour accéder aux étagères les plus inaccessibles. Je me saisis d’un de ces livres ésotériques étranges caché derrière d’autres ouvrages sans valeur particulière.

Récemment, je me suis surpris à parler dans une langue que je ne comprenais pas, j’avais beau écouter le flot de mots m’apparaissait aussi obscur que s’ils avaient été prononcés par un étranger. Et lors de mon dernier rêve je perçus un détail surprenant, le livre que je trouvai avait une caractéristique particulièrement troublante et dérangeante qui m’avait jusqu’alors échappée, les pages semblaient faites d’une matière tannée, étrange, presque duveteuse par endroits et certaines d'entre elles étaient partiellement couvertes d’écailles.

Quoique jugeant alors que ma sécurité n’était pas remise en question, je finis suite à ces découvertes surnaturelles à rester davantage sur mes gardes. Mon corps se fatiguait à rester continuellement blotti dans cette crevasse, j’avais arrêté de me demander comment j’avais pu atterrir dans pareil endroit, car mon cerveau refusait de trouver à cela une explication logique ou rationnelle. Lorsque j’étais épuisé, je laissais le sommeil s’emparer de moi et fort heureusement, je n’avais jamais faim. C’est lors d’une de ces siestes que je sentis son souffle pour la première fois. J’étais sur le point de sombrer quand une vibration d’air chaud atteignit mon oreille droite. Me crispant légèrement, je sentis une nouvelle fois cette expectoration maléfique me caresser le lobe. C’est sans doute le hurlement que je poussai à cet instant qui dût attirer les créatures dans la baraque…

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