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Si un grec se perd et arrive devant vous, criez-lui "Gnôti seauton !", en braquant votre regard droit dans le sien, et prenez l'air fou d'une pythie moderne, intimez-lui de se plier à votre volonté psychique par une gigantesque claque mentale.
Attendez qu'il se calme, laissez-le en confiance... Placez-vous derrière lui et sentez la tension qui l'habite.
Délectez-vous un instant de ce sentiment, juste assez pour pouvoir le reconnaître par la suite, mais pas plus.
Mordez-le ensuite dans les chairs, assez profondément pour sentir sous vos dents le muscle vibrer, et que ses soubresauts couvrent votre menton de ce liquide rougeâtre; aspirez un peu de sang, de quoi satisfaire votre appétit, puis laissez vos oreilles s'emplir de la captivante mélodie de ses hurlements discontinus et laissez-vous bercer...

Finalement, réveillez-vous, réalisez que, sur votre visage, restent collés les lambeaux de peau du sien. Du sang séché vous empêche d'ouvrir pleinement les paupières, vos cils sont collés en gros paquets. Vous baissez les yeux et admirez les stries des muscles, à vif, et la blancheur des os apparents. Vous vous demandez si les chairs manquantes se sont déjà décomposées dans votre estomac. La faim vous reprend.