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lundi 26 avril 2010

Pensées hallucinées

Ses pupilles étaient dilatées à l'extrême si bien qu'on ne percevait plus la couleur de l'iris. La fatigue massée sous ses yeux ne l'avait pas encore submergée et elle tentait de retrouver son calme. C'était une nuit sans lune. Il n'y avait plus aucun bruit et seule sa respiration forte fendait le silence ponctuellement. Elle jeta la tête en arrière, se balançant sur le fauteuil.
Elle sentait couler le temps mais narguait Morphée en luttant au fond d'elle-même. Lentement, les démons venaient la taquiner, lui murmurant à l'oreille des mots inaudibles. Dans sa tête se rassemblaient toutes les ténèbres environnantes... elle laissa voguer son esprit jusqu'à en perdre haleine, et cette sensation oppressante l'étouffait. Le souffle court, elle tenta de s'échapper, de se ressaisir, mais que faire contre les assauts toujours plus sévères de ses adversaires invisibles... il était trop tard à présent pour reprendre ses esprits. Elle sombra dans la démence ce soir encore.

Se réveillant le lendemain, elle se leva toute molle de sommeil et alla à se rincer la bouche pour ôter le goût de noirceur qui y subsistait. Crachant dans l'évier, elle ouvrit le robinet et regarda l'eau claire emporter dans un tourbillon les blanches trainées de dentifrice. Alors, une pensée traversa le voile translucide qui recouvrait encore ses idées embrumées :
C'est à moi de rendre ma vie meilleure, je tiens les clefs de mon destin entre mes mains.

Et elle croyait innocemment la chose possible... Les jours défilaient inlassablement, la laissant miroiter un paisible bonheur illusoire.

Perdue dans le noir, elle avançait à tâtons, des formes floues qu'elle avait crues familières l'encerclaient, menaçantes. Elle ferma ses yeux bleus et cacha son visage. Lorsqu'elle les ré-ouvrit, sa tête était baissée. Une ombre s'étendait sous ses pied, noire de jais. elle attendit, clôt encore les paupières en espérant sortir de son cauchemar.
Et le sol se transforma, soulevant des vagues de ténèbres. Il y avait en dessous quelque chose qui s'étirait, qui la cherchait, la mandait. Et la terre d'ombres lentement, se répandit autour de ses pied. Lentement, l'engloutit sans qu'on entende ses cris. Ses mouvements se firent moins vifs, imprécis, sa voix ne portait plus. Si les formes étaient proches, elles étaient hors d'atteinte. Ne sentant plus ses pieds déjà, ce furent ses chevilles qui disparurent dans la flaque noire.

Mais attraper la main qu'on lui tendait, là, toute proche, n'était-ce pas tirer quelqu'un d'autre dans cet oblivion sinistre? Et une fois sortie... les formes seraient toujours là et la menaceraient encore... les démons seraient toujours en elle et se réveilleraient tôt ou tard...
Mais elle ouvrit les yeux, encore, et voilà que le jour s'était levé. Elle ne savait plus quoi penser ni faire. Même debout, réveillée, elle était perdue.

"J'y réfléchirai plus tard.", finit-elle par murmurer avant de sombrer encore.

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